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Rupture insolite, tome 2


Si t’es comme moi, tu n’as pas besoin d’être en couple, c’est un bonus et non une nécessité. Malheureusement, ça veut souvent dire qu’on a la chienne d’aimer. C’est se retenir d’aimer et se répéter constamment « et si… ? », parce qu’on a précipité la fin au lieu de la laisser peut-être venir d’elle-même… Et mon ex fonctionnait sur le même moule que moi…

Un soir comme les autres, on discute au téléphone et il me demande ce que je ressens pour lui. Je réponds que j’ai des sentiments pour lui, j’apprécie nos moments ensemble, j’aime qu’on puisse se parler 7 heures au téléphone sans qu’il n’y ait de silence et qu’on raccroche par obligation d’aller se coucher (et non parce qu’on a plus rien à se dire), j’aime notre dynamique à deux etc. Il me dit « c’est tout ? ». Je me suis dit qu’il attendait peut-être un je t’aime de ma part…

Mais j’ai de la difficulté à prononcer ces mots. Parce qu’on les prononce trop souvent sans vraiment les penser et ils perdent leur sens. Il y a une différence entre « I like you » et « I love you »; entre « je t’aime » et « je suis amoureuse de toi ».

Voulant changer de sujet, j’avoue lui avoir acheté un cadeau de Noël. Il veut savoir c’est quoi, mais je lui réponds qu’il le saura si on se rend jusqu’à Noël ensemble ! Il me dit que c’est sûr qu’on va être encore ensemble, que je n’ai pas raison d’être défaitiste parce que tout va très bien entre nous, qu’il a lui aussi des sentiments pour moi etc.

Le lendemain, on se rejoint à Trois-Rivières pour le weekend. Il m’accueille avec son enthousiasme d’enfant qui me plaisait tant, on en profite pour se retrouver et se blottir dans les bras l’un de l’autre. Il a une expression sur le visage, un peu celle qu’on fait en attendant qu’une personne nous confie un secret et qu’on est impatient d’être dans la confidence. Je comprends qu’il s’agit de notre conversation de la veille sur ce qu’on ressent pour l’autre et il me demande si je n’ai pas quelque chose à lui dire. Je finis par lui dire « je t’aime ».

Ça signifiait « I like you » pour moi, ça signifiait « Je suis amoureuse de toi » pour lui. Vous voyez venir la rupture : il pogne la chienne et me laisse …

Je ne lui en veux pas (même s’il me laisse avant les examens les plus importants de toute ma vie pour entrer dans mon ordre professionnel)… Je suis déçue de voir qu’il ne nous donnait pas une chance, il aurait simplement pu me dire qu’il n’était pas prêt à l’entendre, qu’il voulait prendre ça molo etc.

J’essaie de comprendre ce qui vient de se passer... Il me dit la veille que tout va bien entre nous, c’est lui qui me demande ce que je ressens pour finalement avoir peur et partir ? Je suis mélangée ! Surtout qu’on termine la nuit ensemble… (erreur à ne plus faire).

Deux jours plus tard, incapable d’étudier, je le texte pour comprendre. Il me dit que je ne suis pas la seule qui a de la peine, que je ne suis pas la seule qui a pleuré, et que « ça le déchire de l’intérieur ». Rien pour m’aider… Ça te déchire de l’intérieur ? C’est peut-être un signe que ta décision était précipitée et qu’il y avait d’autres solutions… Anyway, on ne le saura jamais…

Maintenant ? Ça va, j’ai appris une bonne leçon. J’ai découvert à ses côtés que même si j’ai la chienne d’aimer, j’ai aussi le courage et la ténacité de faire en sorte que ça marche. Je sais maintenant, grâce à lui, que ma peur d’aimer ne signifie pas que j’abandonne dès que la panique me pogne. Il y a toujours un risque d’être blessé, mais le risque en vaut la peine quand on aime l’autre, et je sais grâce à lui que je suis prête à prendre le risque.

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